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Citation du jour : "Je suis ce que je suis : un individu, unique et différent."




Dans “A Writer’s Notebook” Somerset Maugham écrivit sur Chaplin : « Charlie Chaplin… il amuse de façon simple, charmante et spontanée. Et cependant on a tout le temps l’impression que derrière tout cela se dissimule une profonde mélancolie. C’est un être à l’humeur changeante et il n’est pas nécessaire de rappeler sa facétieuse déclaration : ‘Oh, j’avais une telle crise de cafard hier soir que je ne savais pas quoi faire de moi’ pour vous faire comprendre que son humour est doublé de tristesse. Il ne vous donne pas l’impression d’être un homme heureux. J’ai le sentiment qu’il souffre d’une certaine nostalgie des faubourgs. La célébrité dont il jouit, sa richesse, l’emprisonnement dans un mode de vie où il ne trouve que contrainte. Je crois qu’il se rappelle la liberté de sa jeunesse difficile, toute de pauvreté et d’amères privations, avec une nostalgie dont il sait qu’elle ne pourra jamais être satisfaite. Pour lui, les rues du sud de Londres sont le théâtre de mille divertissements, d’aventures gaies et extravagantes… je l’imagine entrant dans sa maison et se demandant ce qu’il peut bien faire dans la demeure de cet étranger. Je soupçonne que le seul endroit qu’il puisse jamais considérer comme un foyer, c’est ce premier étage sur cour de Kennington Road. Un soir, je me promenais avec lui à Los Angeles, et nos pas finirent par nous conduire dans le plus pauvre quartier de la ville. Il y avait maisons de rapport sordides et des boutiques tout à la fois miteuses et criardes, où l’on vend les diverses denrées que les pauvres achètent au jour le jour. Son visage s’illumina et ce fut d’un ton plein d’entrain qu’il s’exclama : ‘Tenez, c’est ça la vraie vie, vous ne trouvez pas ? Tout le reste n’est que de la frime.’ »

Cependant, dans « Histoire de ma vie », Chaplin écrivit « Cette façon de vouloir rendre la pauvreté séduisante pour autrui est agaçante. Je n’ai encore jamais rencontré un pauvre qui ait la nostalgie de la pauvreté, ni qui trouve là la liberté. Pas plus que Mr Maugham ne pourrait convaincre que la célébrité et la grande richesse sont synonymes de contrainte. Je ne trouve aucune contrainte dans la richesse, au contraire, j’y trouve beaucoup de liberté. » Plus loin Chaplin conclut, « Malgré ce que prétend Maugham, comme tout le monde, je suis ce que je suis : un individu, unique et différent, avec derrière moi tout l’héritage de désirs et de besoins ancestraux, avec tous les rêves, les désirs et les expériences personnelles dont je suis la somme. »