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Citations de Chaplin


Ma mère faisait briller pour moi la lumière la plus étincelante de bonté que ce monde ait jamais connue, et qui a doté la littérature et le théâtre de leurs thèmes les plus grands et les plus riches : l'amour, la compassion et l'humanité.

De “Histoire de ma vie” : “ Je me souviens d’un soir, dans notre unique chambre au rez-de-chaussée, sur Oakley Street. J’étais au lit où je me remettais d’un accès de fièvre. Sydney était parti pour le cours du soir et ma mère et moi étions seuls. L’après-midi s’achevait et elle était assise, le dos à la fenêtre, en train de lire, de jouer et d’expliquer à sa façon, qui était inimitable, le Nouveau Testament et l’amour et la compassion du Christ pour les pauvres et les petits enfants. Peut-être son émotion était-elle due à ma maladie, mais elle me donna l’interprétation la plus séduisante et la plus lumineuse du Christ que j’aie jamais vue ni entendue. […] Ma mère m’avait bouleversé si fort que je voulais mourir le soir même pour rencontrer Jésus. Mais elle n’était pas si enthousiaste. ‘Jésus veut que tu vives d’abord pour accomplir ta destinée ici-bas,’ expliqua-t-elle. Dans cette pièce sombre, de ce rez-de-chaussée d’Oakley Street, ma mère faisait briller pour moi la lumière la plus étincelante de bonté que ce monde ait jamais connue, et qui a doté la littérature et le théâtre de leurs thèmes les plus grands et les plus riches : l’amour, la compassion et l’humanité.”




Plaisanter est une affaire sérieuse.

D’un article écrit par Chaplin intitulé “Making Fun”, dans The Soil, décembre 1916 : “Plaisanter est une affaire sérieuse. Cela demande une étude approfondie, une observation intense. Il appartient à l’homme qui se veut drôle de savoir ce qui fait rire les gens et pourquoi cela les fait rire. Il doit être psychologue avant de prétendre devenir un comique de talent.”




Le désir de paix est universel. [...] Tentons de nous comprendre les uns les autres. Car, dans la guerre moderne, il n’y a pas de vainqueur.

En obtenant le prix du Conseil mondial de la paix, en 1954, Chaplin déclare lors d’une conférence de presse : « Le désir de paix est universel. Je ne prétends pas avoir les réponses aux problèmes qui la menacent, mais je sais ceci : les nations ne résoudront jamais leurs différends dans un climat de haine ou de suspicion, ni sous la menace des bombes à hydrogène. Préparer le public à accepter la guerre nucléaire, avec son cortège d’horreurs, est un crime contre l’humanité qui ne peut que fragiliser le monde. Libérons-nous donc de ce climat délétère. Tentons de nous comprendre les uns les autres. Car, dans la guerre moderne, il n’y a pas de vainqueur. »




L’Amérique a changé [...] Les proportions gigantesques qu'ont prises les institutions industrielles, la presse, la télévision et la publicité m'ont complètement coupé de la conception américaine de la vie. Ce qu'il me faut, c'est l'autre face de la médaille, un sens de la vie personnelle plus simple.

Après son départ des États-Unis, Chaplin écrit dans son autobiographie : « Des amis m’ont demandé si les Etats-Unis me manquent, ou New York. En toute franchise, non. L’Amérique a changé, et New York aussi. Les proportions gigantesques qu’ont prises les institutions industrielles, la presse, la télévision et la publicité m’ont complètement coupé de la conception américaine de la vie. Ce qu’il me faut, c’est l’autre face de la médaille, un sens de la vie personnelle plus simple, et non pas les avenues ostentatoires ni les immeubles titanesques qui rappellent à jamais les grosses affaires et leurs pesantes réussites. »




On peut toujours se baisser pour ne rien ramasser.

D’une scène de Monsieur Verdoux mais également dans Histoire de ma vie : “Ma mère me disait toujours : ‘On peut toujours se baisser pour ne rien ramasser.’ Mais elle-même ne souscrivait pas à cet adage, et mon sens des convenances en était souvent choqué.”




Je suis un artiste, pas un homme politique.

Extrait de My Trip Abroad, 1921




Si je parlais, je deviendrais un comédien comme les autres.

Extrait de “Histoire de ma vie” : “Lorsque nous arrivâmes chez moi à Beverly Hills, les nouvelles du studio étaient encourageantes. Les Temps Modernes était un grand succès. Mais une fois de plus, la même question déprimante se posait : devrais-je tourner un autre film muet ? […] Si je parlais, je deviendrais un comédien comme les autres.”




La solitude de la vieillesse n’a rien de tragique à mes yeux, je la trouve même commode. Non, je ne voudrais pas toucher à un seul atome du moule dans lequel j’ai été coulé. Je vais là où me porte le vent.

Extrait d’une préface non publiée pour Histoire de ma vie : “Tandis que l’hiver de la vie descend sur moi et que nos amitiés, comme les arbres, perdent leurs feuilles, l’existence revêt une autre forme de beauté, tout aussi majestueuse que le feuillage exubérant de l’été. En vieillissant, je me sens davantage en harmonie avec la nature et son extraordinaire perfection. Jamais je ne me permettrais de nier une tempête, de déranger une herbe ou d’influer sur le voyage solitaire que nous devons tous inéluctablement entreprendre. La solitude de la vieillesse n’a rien de tragique à mes yeux, je la trouve même commode. Non, je ne voudrais pas toucher à un seul atome du moule dans lequel j’ai été coulé. Je vais là où me porte le vent.”




Je peux désormais me passer complètement de l’Amérique. Je ne voudrais pas y retourner même si le Christ en était le président ... Malgré sa prospérité matérielle, [l’Amérique] est un pays lugubre.

Cedric Belfrage du National Guardian (un hebdomadaire socialiste américain), rendit visite à Chaplin à Vevey et publia ensuite des extraits de leur conversation privée dans “Chaplin Looks at USA”, le 14 novembre 1955 : “Je peux désormais me passer complètement de l’Amérique. Je ne voudrais pas y retourner même si le Christ en était le président. Oui, je suis amer, très amer. Mais n’oubliez pas que, pendant quinze ans, on m’a harcelé en me qualifiant de « communiste » et que j’ai été persécuté comme un criminel : j’ai failli écoper de vingt-cinq ans de prison pour « traite des Blanches » ou n’importe quel délit qui leur passait par la tête. Mes films n’ont pas besoin du marché américain. Je n’autoriserai plus jamais la distribution en Amérique d’aucun des films dont j’ai le contrôle. Malgré sa prospérité matérielle, [l’Amérique] est un pays lugubre. Je ne suis pas contre le matérialisme, mais regardez ce qu’a fait le matérialisme américain. Les gens ne savent plus pleurer. La compassion et le bon voisinage ont disparu. Les gens restent indifférents quand leurs amis ou leurs voisins sont attaqués, calomniés, écrasés. La pire des conséquences concerne les enfants. On leur apprend l’admiration et l’imitation des mouchards, la trahison et la haine, le tout dans une atmosphère nauséeuse d’hypocrisie religieuse.”

Chaplin découvre qu’il fut manipulé en recevant un télégramme de l’agence de presse United Press Association lui demandant de confirmer les citations. Il répondit, “Que j’aie tenu ou non ces propos, qu’ils soient vrais ou non, cet homme ne serait jamais entré chez moi comme journaliste. Je l’ai reçu à titre privé.”




C'est scandaleux de penser qu'à l'âge de la vitesse atomique, on ne peut pas circuler si on n'a pas de passeport.

Réplique de Rupert Macabee (Michael Chaplin) dans Un roi à New York.
V.O. : “It is incongruous that in this atomic age of speed we are shut in and shut out by passports.”




Les complexités de plus en plus nombreuses de la vie moderne, le rythme effréné du vingtième siècle font que l’individu se trouve cerné par des institutions gigantesques qui le menacent de tous côtés, sur le plan politique, scientifique et économique. Nous devenons les victimes du conditionnement des âmes, des sanctions et des permissions.

Extrait de “Histoire de ma vie” : Je crois le moment venu de dresser un bilan du monde tel que je le vois aujourd’hui. Les complexités de plus en plus nombreuses de la vie moderne, le rythme effréné du vingtième siècle font que l’individu se trouve cerné par des institutions gigantesques qui le menacent de tous côtés, sur le plan politique, scientifique et économique. Nous devenons les victimes du conditionnement des âmes, des sanctions et des permissions.

Cette matrice dans laquelle nous nous sommes laissé mouler est due à un manque d’intuition culturelle. Nous nous sommes lancés aveuglément dans la laideur et dans l’entassement et nous avons perdu notre sens esthétique. Notre sens de la vie a été émoussé par l’appât du gain, le pouvoir et le monopole. Nous avons laissé ces forces nous envelopper sans nous préoccuper le moins du monde des redoutables conséquences que cela pourrait avoir.

La science, privée d’une orientation réfléchie et du sens des responsabilités, a remis aux politiciens et aux militaires des armes de destruction telles qu’ils détiennent entre leurs mains le destin de toutes les créatures vivantes sur terre.

Cet excès de pouvoir confié aux mains d’hommes doués d’une responsabilité morale et d’une compétence intellectuelle dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles ne sont pas infaillibles, et dans bien des cas contestables, pourrait se terminer par une guerre qui exterminerait toute vie sur terre. et pourtant, nous allons aveuglément de l’avant.

[…]

L’homme est un animal aux instincts de survie primitifs. Son ingéniosité s’est donc développée d’abord, et son âme ensuite. Ainsi le progrès scientifique a-t-il une avance considérable sur le comportement moral de l’homme.




Au long des années, j'ai découvert que les idées vous viennent quand on éprouve un désir intense d'en trouver ; l'esprit devient ainsi une sorte de tour de guet d'où l'on est à l'affût de tout incident susceptible d'exciter l'imagination : de la musique, un coucher de soleil peuvent donner une image à une idée.

Extrait de “Histoire de ma vie” : “Des journalistes m’ont demandé comment me viennent les idées de mes films et jusqu’à ce jour, je n’ai jamais pu leur répondre de façon satisfaisante. Au long des années, j’ai découvert que les idées vous viennent quand on éprouve un désir intense d’en trouver ; l’esprit devient ainsi une sorte de tour de guet d’où l’on est à l’affût de tout incident susceptible d’exciter l’imagination : de la musique, un coucher de soleil peuvent donner une image à une idée.
Je crois que la bonne méthode consiste à choisir un sujet qui vous stimule, à le développer et à le mettre au point et puis, si on n’est pas capable d’aller plus loin, à l’écarter pour en choisir un autre. L’élimination après l’accumulation, c’est ainsi qu’on peut découvrir ce qu’on veut.”




Comment a-t-on des idées ? Par la persévérance poussée jusqu'au bord de la folie.

Extrait de “Histoire de ma vie” : “Des journalistes m’ont demandé comment me viennent les idées de mes films et jusqu’à ce jour, je n’ai jamais pu leur répondre de façon satisfaisante. […] Comment a-t-on des idées ? Par la persévérance poussée jusqu’au bord de la folie. Il faut avoir la capacité de supporter l’angoisse et de conserver son enthousiasme pendant une longue période. Peut-être est-ce plus facile pour certains que pour d’autres, mais j’en doute.”




Le savoir inspire le courage. Je ne suis pas sceptique mais je préfère savoir plutôt que de croire.

Notes manuscrites de Chaplin dans les archives




Vivre pour raisonner, ou raisonner pour vivre : telle est la question.

Notes manuscrites de Chaplin dans les archives




Les gens passent à côté du bonheur parce qu’ils sont en quête de valeurs artificielles et répriment les sentiments qui confèrent du prix et de la beauté à l’existence. Quand vous vous levez serein le matin, ce que vous éprouvez pendant ces quelques minutes ou ces quelques heures où vous accueillez la vie avec joie constitue une fin en soi.

Citation de Chaplin dans “Chaplin’s Heart, Aims Bared in S.F. Talk” de George P. West, San Francisco Call, le 11 novembre 1922




Nous sommes tous des amateurs. On ne vit pas assez longtemps pour être autre chose.

Réplique de Calvero dans Les Feux de la rampe :
Postant: Don’t you worry. Tonight you’re going to make them all look like a bunch of amateurs.
Calvero: That’s all any of us are - amateurs. We don’t live long enough to be anything else.




Je suis ce que je suis : un individu, unique et différent.

Somerset Maugham écrivit sur Chaplin : « Charlie Chaplin… il amuse de façon simple, charmante et spontanée. Et cependant on a tout le temps l’impression que derrière tout cela se dissimule une profonde mélancolie. C’est un être à l’humeur changeante et il n’est pas nécessaire de rappeler sa facétieuse déclaration : ‘Oh, j’avais une telle crise de cafard hier soir que je ne savais pas quoi faire de moi’ pour vous faire comprendre que son humour est doublé de tristesse. Il ne vous donne pas l’impression d’être un homme heureux. J’ai le sentiment qu’il souffre d’une certaine nostalgie des faubourgs. La célébrité dont il jouit, sa richesse, l’emprisonnement dans un mode de vie où il ne trouve que contrainte. Je crois qu’il se rappelle la liberté de sa jeunesse difficile, toute de pauvreté et d’amères privations, avec une nostalgie dont il sait qu’elle ne pourra jamais être satisfaite. Pour lui, les rues du sud de Londres sont le théâtre de mille divertissements, d’aventures gaies et extravagantes… je l’imagine entrant dans sa maison et se demandant ce qu’il peut bien faire dans la demeure de cet étranger. Je soupçonne que le seul endroit qu’il puisse jamais considérer comme un foyer, c’est ce premier étage sur cour de Kennington Road. Un soir, je me promenais avec lui à Los Angeles, et nos pas finirent par nous conduire dans le plus pauvre quartier de la ville. Il y avait maisons de rapport sordides et des boutiques tout à la fois miteuses et criardes, où l’on vend les diverses denrées que les pauvres achètent au jour le jour. Son visage s’illumina et ce fut d’un ton plein d’entrain qu’il s’exclama : ‘Tenez, c’est ça la vraie vie, vous ne trouvez pas ? Tout le reste n’est que de la frime.’ » Cependant, dans « Histoire de ma vie », Chaplin écrivit « Cette façon de vouloir rendre la pauvreté séduisante pour autrui est agaçante. Je n’ai encore jamais rencontré un pauvre qui ait la nostalgie de la pauvreté, ni qui trouve là la liberté. Pas plus que Mr Maugham ne pourrait convaincre que la célébrité et la grande richesse sont synonymes de contrainte. Je ne trouve aucune contrainte dans la richesse, au contraire, j’y trouve beaucoup de liberté. » Plus loin Chaplin conclut, « Malgré ce que prétend Maugham, comme tout le monde, je suis ce que je suis : un individu, unique et différent, avec derrière moi tout l’héritage de désirs et de besoins ancestraux, avec tous les rêves, les désirs et les expériences personnelles dont je suis la somme. »




Je trouve cela foncièrement inhumain et contre nature de persécuter une minorité. C’est une conviction immuable, que rien ne pourra ébranler.

En parlant de son film Le Dictateur Charlie Chaplin est cité dans le Detroit Michigan Free Press du 25 août 1940, dans l’article de John S. Truesdell intitulé “Chaplin’s Great Dictator Now Ready for Release” : « Si j’ai réalisé ce film, c’est parce que je trouve cela foncièrement inhumain et contre nature de persécuter une minorité. C’est une conviction immuable, que rien ne pourra ébranler. Le film est par définition antimilitariste. Sa seule arme, c’est le rire, et sa cible, la vanité des hommes qui se croient au-dessus des autres. »




Mes costumes m’aident à exprimer ma conception du citoyen ordinaire, de chaque homme ou presque, de moi-même. Trop petit, le chapeau melon indique une prétention à la dignité. La moustache est une marque de vanité. Le manteau boutonné jusqu’en haut, la canne, l’allure tout entière désignent un homme qui cherche à paraître chevaleresque, épater les autres et se montrer. Cet homme-là court après des chimères et il le sait. Il essaie d’affronter le monde avec courage, de donner le change et ça aussi, il le sait. Il en est même si conscient qu’il en arrive à se moquer de lui-même et à s’apitoyer un peu sur lui-même aussi.

Citation de Chaplin dans “Chaplin’s Heart, Aims Bared in S.F. Talk” de George P. West, San Francisco Call, le 11 novembre 1922